Le mois de novembre a été riche en vraies-fausses informations et en rumeurs avec — cerise sur le gâteau — celle qui a envoyé ad patres l’ancien président par intérim Mohamed Ennaceur et laissé pantois la majorité des Tunisiens.
Dans un laps d’un mois, le ministère de l’Intérieur a été acculé à publier quatre communiqués et démentir des informations circulant sur les réseaux sociaux et qui risquaient de déstabiliser le pays en raison de leur gravité. Toutefois, l’importance accordée à certaines de ces vraies-fausses informations par le président de la République mérite qu’on s’arrête sur la « stratégie des démentis », ses effets et ses limites, adoptée par ce ministère régalien et par d’autres départements et parties, et sur la source de la vague de rumeurs qui secoue le pays à l’instar de celle se rapportant au décès de l’ancien président par intérim Mohamed Ennaceur qui demeure une grande énigme.
Le premier communiqué a été publié le 8 novembre dernier par le ministère de l’Intérieur suite à la publication d’une vidéo par le capitaine Z.F. dans laquelle il révèle de graves informations en lien avec des plans de déstabilisation et de dépôts d’armes cachées à Ouardanine (Monastir). Le sécuritaire en question affirme qu’il a fait partie des unités spécialisées dans la lutte contre le terrorisme avant d’être muté. Le MI réagit le jour même et dément l’appartenance de Z.F. aux unités spéciales de la Garde nationale de lutte contre le terrorisme et fait savoir qu’il était en congé de maladie.
Une enquête administrative a été ordonnée après ses révélations sauf que c’est le Président de la République lui-même qui effectuera une visite inopinée cinq jours plus tard, plus précisément le 13 novembre, et avait adressé un message rassurant aux habitants suite aux graves informations colportées. Il a à cette occasion tenu à rencontrer deux responsables sécuritaires relevant de la Sûreté publique et la Garde nationale. L’affaire ne s’arrêtant pas là, une autre personne répondant au nom de Y.B.S. (Alias Chouchou) qui entre en scène et diffuse d’autres informations en lien avec les déclarations du capitaine Z.F. à travers une radio privée. Très vite, et vu les graves répercussions que pourraient engendrer ces révélations, le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme s’est saisi de l’affaire et a chargé l’Unité nationale de recherche dans les crimes terroristes d’enquêter sur le sujet. Dans la foulée, l’ex-directeur général de Carthage Cement, accusé d’avoir tenté de semer le trouble dans la région de Ouardanine par Chouchou, est arrêté dans le cadre de l’enquête ordonnée par le parquet judiciaire de lutte contre le terrorisme.
Le deuxième démenti apporté par le ministère de l’Intérieur a été publié le 11 novembre et dans lequel il dément les informations qui circulent sur les réseaux sociaux concernant le retour au pays d’éléments terroristes ayant combattu dans les zones de conflits. Il précise à ce sujet que de tels éléments sont transférés dès leur retour au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Ceci n’a pas été de nature à mettre fin aux rumeurs qui enflammaient la Toile.
Le 20 novembre, le MI est obligé d’intervenir encore une fois et de clarifier les choses. Il publie un communiqué dans lequel il assure que ses différentes unités n’ont pas enregistré des opérations de braquages qui auraient ciblé les citoyens au niveau de la route X, comme cela a été relayé sur les réseaux sociaux. Le quatrième et dernier communiqué a été publié le 23 novembre concernant la fuite d’un agent de police du tribunal de première instance de Mahdia suite à l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.
Il s’agit plutôt d’un agent qui relève de la police judiciaire qui devait comparaître en tant que témoin dans une affaire. Trois convocations ont été adressées à trois agents de la même unité dans ce même contexte au tribunal et ont quitté le lieu dans des conditions normales. L’un des membres de la Ligue des droits de l’homme à Mahdia a pourtant confirmé que des sécuritaires se sont regroupés devant le tribunal en question en signe de protestation après l’émission d’un mandat d’arrêt de leur collègue pour faire pression sur le juge et l’inciter à revoir sa décision, ajoutant que l’agent dont il s’agit est accusé d’avoir torturé un citoyen. Le substitut du procureur a refusé de signer le mandat, selon les déclarations du membre de la Ligue à une radio privée. Aucun mandat n’a été émis contre cet agent, rétorque le ministère de l’Intérieur dans son communiqué.
Quel enseignements tirer de ces quatre communiqués publiés durant ce mois de novembre qui a été riche en informations et en rumeurs avec — cerise sur le gâteau — celle qui a envoyé ad patre l’ancien président par intérim Mohamed Ennaceur et laissé pantois la majorité des Tunisiens, si ce n’est la peur de lendemains qui nous projettent dans un futur incertain.